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« J’ai quitté l’étude notariale pour la ferme »

Après sept ans à travailler comme clerc de notaire sur des dossiers d’agriculteurs, Amandine, 33 ans, a choisi de s’installer sur l’exploitation familiale en tant que productrice d’œufs, en vente directe.

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« J’ai grandi à La Boisse (Ain), sur la ferme familiale Epidor. J’aidais à rentrer la paille, à préparer les canards pour l’abattoir, etc. Dans ma tête, devenir agricultrice était pourtant inenvisageable. Mes parents répétaient à mes sœurs et moi : vous êtes bonnes à l’école, faites des études, vous vous en sortirez mieux que nous dans la vie ! Je suis hyperdisciplinée, pourtant la faculté de droit ne m’a pas plu, aussi je suis entrée à l’École de notariat de Lyon. »

Après un début de vie professionnelle comme clerc de notaire, Amandine, 33 ans, a choisi de s'installer sur l'exploitation familiale en tant que productrice d’œufs, en vente directe.

« Mes stages à Miribel et mon alternance à Ambérieu-en-Bugey m’ont permis de me spécialiser en droit rural, poursuit Amandine. Le notaire m’attribuait les dossiers d’exploitants, jusque-là délaissés par l’étude. J’étais aux anges ! Pendant sept ans, j’ai donc travaillé pour des agriculteurs. Je n’arrivais pas à m’éloigner de la ferme, même si je n’y vivais plus ; j’aidais mes parents sur mon temps libre. Mes amis me disaient : tu es dans ton élément quand tu en parles, des étoiles dans les yeux. »

« J’ai réalisé que l’agriculture est ma passion »

« Pour traverser une période difficile, j’ai fait un travail sur moi-même et réalisé que l’agriculture est ma passion, poursuit Amandine. Je n’osais pas en parler, on m’aurait dit folle de quitter mon poste de clerc de notaire pour devenir agricultrice. J’étais malheureuse enfermée dans un bureau. J’ai demandé la permission à mon employeur de suivre à distance un BTSA analyse, conduite, stratégie de l’entreprise agricole. Je voulais démontrer à mon père, qui m’a prise en stage, qu’être une fille n’empêche pas de reprendre l’exploitation. 2020, l’année de mes trente ans, a été une grande année ! Mon fils Célian est né en mars. Après le confinement, je suis retournée deux semaines à l’étude notariale puis j’ai démissionné le 24 juin, en pleurs, me disant que j’avais peut-être fait la plus grosse bêtise de ma vie. Ensuite, j’ai ressenti de la fierté car depuis des années je voulais changer de métier. »

« Mon conjoint Alexandre m’a suivie totalement, poursuit Amandine. Notre rencontre m’a donné des ailes, et nous travaillons ensemble sur l’élevage des poules pondeuses en plein air. Mon père a accepté notre projet de vente directe en distributeur automatique. La ferme donne sur un axe routier fréquenté entre Bourg-en-Bresse et Lyon. Nous y vendons les œufs et des produits des fermes voisines. Travailler en tant que clerc m’a ouvert les yeux. Ce que j’ai appris dans le milieu juridique me sert tous les jours, et je peux monter seule un dossier de subvention. Ma mère, assistante maternelle, garde Célian qui aura, comme nous, une enfance à la ferme. »

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